Horaires atypiques : les compensations salariales en cas de travail le soir, la nuit ou le week-end
Par Alban Garel | Le | Salaires
Travail le soir, la nuit, le samedi ou le dimanche : près de 11 millions de salariés sont confrontés au moins une fois par mois à des horaires atypiques. Une contrainte qui pèse sur l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle mais qui permet, la plupart du temps, d’obtenir une meilleure rémunération en contrepartie. C’est ce que confirme une étude publiée par la Dares, l’organe statistique du ministère du Travail, début mai 2023.
Pour un salarié à temps complet, travailler la nuit a pour contrepartie un salaire mensuel net plus important que pour un salarié de profil similaire ne pratiquant pas cet horaire. Ce surplus est plus important pour les ouvriers et les employés, qui travaillent plus fréquemment la nuit. Le travail le soir ou le dimanche procure également une compensation salariale.
Seul le travail le samedi n’entraîne pas d’avantage financier. Ces différences de contreparties salariales font écho au cadre juridique régissant le travail en horaires décalés.
Le travail de nuit, le plus rémunérateur pour les ouvriers et les employés
- En moyenne entre 2019 et 2021, les ouvriers à temps complet qui accomplissent plus de la moitié de leurs heures de travail la nuit (entre minuit et 5 heures) sur une période de quatre semaines perçoivent, à autres caractéristiques comparables (sexe, âge, etc.), un salaire mensuel net supérieur de 6,8 % à celui des ouvriers à temps complet ne travaillant pas la nuit ;
- L’avantage est un peu plus faible pour ceux qui travaillent moins de la moitié de leurs heures durant la nuit (+2,6 %). Pour les employés, travailler la nuit procure un gain salarial net de 5,2 %, quel que soit l’horaire effectué. Les professions intermédiaires gagnent également à travailler la nuit mais relativement moins que les employés : +3,7 % en travaillant plus de la moitié de leurs heures durant la nuit, +2,7 % dans le cas contraire.
Le travail dominical, plus avantageux que celui du soir pour les professions intermédiaires
- Travailler au moins un dimanche sur une période de quatre semaines procure une compensation salariale mensuelle nette significative, qui est, toutes choses égales par ailleurs, de 10,6 % pour les cadres. Pour les ouvriers, travailler au moins deux dimanches correspond à un bonus de 6,1 % ;
- Il est du même ordre que celui procuré par le travail de nuit intensif, et plus élevé que celui du travail un seul dimanche (+5,4 %). Pour les employés, travailler le dimanche rapporte presque autant que travailler la nuit (+4,9 % pour au moins deux dimanches, +4,6 % pour un seul) ;
- À l’inverse, pour les professions intermédiaires, le travail dominical est plus avantageux que le travail de nuit (+4,6 % pour au moins deux dimanches, +4,2 % pour un seul), mais cet avantage reste légèrement inférieur à celui perçu par les ouvriers et les employés.
Le travail le soir, avantage plus important pour les cadres
- À caractéristiques équivalentes, les salariés qui effectuent une partie de leurs heures de travail le soir (entre 20 heures et minuit) sur une période de quatre semaines ont également un salaire mensuel plus élevé que ceux qui ne le font pas, mais ces surplus sont inférieurs à ceux associés au travail la nuit et le dimanche ;
- Les cadres bénéficient de l’avantage le plus important à travailler le soir (+5,9 %), devant :
- les employés (+4,6 %),
- les ouvriers (+4,3 %),
- les professions intermédiaires (+2,5 %).
Seul le travail le samedi n’apporte pas, en moyenne, de compensation salariale
Les cadres et les employés qui travaillent au moins un samedi sur une période de quatre semaines, perçoivent même moins que ceux qui ne le font pas, à caractéristiques équivalentes (sexe, âge, etc.). D’autres paramètres, non mesurables dans l’enquête, telle l’inégale capacité à négocier les horaires de travail, peuvent expliquer ce constat.
Davantage d’accords sur le travail la nuit et le dimanche depuis 2014
- Les avantages financiers liés au travail le soir, la nuit et le dimanche (le travail le samedi n’est pas concerné selon les dispositions légales) peuvent être négociés via des accords d’entreprise. Le nombre d’accords qui abordent le travail de nuit (qui comprend le travail le soir) et du dimanche augmente de manière continue entre 2014 et 2019 ;
- Cette progression s’explique notamment par la loi du 6 août 2015 qui autorise certains commerces situés dans des zones touristiques ou commerciales à ouvrir plus souvent le dimanche. Le nombre de nouveaux accords recule en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire. En 2021, il retrouve son niveau de 2019.