Rapport au travail : près d’1 salarié sur 2 travaille uniquement pour l’argent (étude Le Figaro-Ifop)
Par Alban Garel | Le | Salaires
Pour la deuxième année consécutive, le portail généraliste Le Figaro Emploi, en collaboration avec l’Ifop, a interrogé 1000 salariés sur la façon dont ils perçoivent leurs conditions de travail et l’avenir de leur métier, notamment face à l’arrivée en force de l’intelligence artificielle.
Par rapport à 2022, le niveau de satisfaction des salariés est toujours aussi élevé : 75 % (-1 point) s’estiment heureux de leur situation professionnelle (dont 14 % « très satisfaits »). Les envies de mobilité sur le court terme restent d’ailleurs plutôt faibles : 20 % seulement envisagent de quitter leur emploi d’ici décembre prochain (+2 points).
Ces réponses positives masquent toutefois une réalité plus complexe, laissant présager des lendemains difficiles pour les entreprises.
Le rapport au travail s’est fortement distendu en 30 ans
- Bien que le « sentiment d’utilité » et « la possibilité d’apprendre » restent des sources de motivation stables depuis 30 ans, 45 % des salariés considèrent en 2023 ne travailler « que pour l’argent ». Ils n’étaient que 38 % en 1993 (+7 points).
- Cette perception de plus en plus « utilitariste » du travail pourrait expliquer que le lien à l’entreprise se soit étiolé au fil des années : si une majorité de salariés déclare toujours être attachée à leur employeur (65 %), ils étaient 81 % en 1993 (-16 points).
- La notion d’épanouissement s’effrite également : il y a 30 ans, la moitié des salariés estimait que son travail l’épanouissait. Aujourd’hui, 31 % seulement partagent cet avis (-19 points) tandis que 33 % y voient plutôt une contrainte. On note d’ailleurs que 51 % des salariés déclarent faire « juste ce qu’il faut » pour répondre aux attentes de leur entreprise.
- Pour une majorité d’entre eux, ce rapport distancié au travail s’illustre particulièrement chez les jeunes générations : 69 % ont le sentiment que les plus jeunes sont moins motivés et investis dans leur travail que l’ensemble des Français. Ce désinvestissement n’est cependant pas autant ressenti par les principaux intéressés (seulement 41 % chez les 18-24 ans ; 64 % chez les 25-34 ans). Ils sont même un peu plus nombreux (53 %) à déclarer faire « juste ce qu’il faut » pour satisfaire leur employeur.
La moitié des salariés considère avoir un travail pénible
- 48 % des personnes interrogées déclarent exercer un emploi « assez » voire « très pénible » ; une proportion qui grimpe à 71 % au sein de la population ouvrière.
- Le stress en serait la cause principale (36 %), suivi par la charge de travail (31 %) et la pression exercée par la hiérarchie ou les clients (26 %).
- La pénibilité physique est également pointée du doigt : 21 % citent les postures pénibles, 19 % le port de charges et 17 % la forte amplitude horaire.
- Pire, 51 % du panel considèrent que leur entreprise ne fait rien pour lutter contre la pénibilité de leur travail.
Un regard ambivalent sur l’intelligence artificielle
- Si 63 % des salariés reconnaissent que l’IA constitue une opportunité de croissance et de productivité pour les entreprises, près d’un salarié sur deux (45 %) considère que l’IA qu’elle est une menace pour leur emploi ; une tendance qui pourrait expliquer qu’à peine un tiers du panel (37 %) estime que son employeur devrait investir dans cette technologie !
- Malgré de réelles craintes, on note toutefois qu’ils ne sont pas complètement résignés face à cette vague technologique puisque 83 % pensent que l’on ne peut pas tout déléguer à une IA, et qu’une intervention humaine reste indispensable. Une lueur d’espoir pour sauver son emploi ?
- Sur la question des IA, une déconnexion entre les intérêts des salariés et des entreprises est donc clairement observée. Dans la perspective d’une généralisation de ces technologies, une grande majorité des salariés (70 %) souhaite le développement d’une taxation des robots pour accompagner cet essor. Ils attendent ainsi de véritables adaptations de la part de leur entreprise et des pouvoirs publics.