Les dirigeants s’interrogent sur l’évaluation de la performance humaine (Global Human Capital)
Le | Fidélisation
Les travaux menés par Deloitte dans le cadre de l’édition 2024 de l’étude Global Human Capital Trends témoignent de la rupture progressive avec les méthodes de travail traditionnelles, au profit de nouveaux modèles, plus agiles. Si les dirigeants partagent le souci d’adapter leur organisation pour renforcer la performance humaine, nombre d’entre eux semblent néanmoins rencontrer des difficultés à prendre les mesures nécessaires pour accompagner ces changements.
La conscience du besoin de transformer les organisations
Selon les résultats de la dernière étude Deloitte, seuls 3 % des dirigeants interrogés déclarent que leur organisation est extrêmement efficace pour capter la valeur créée par les collaborateurs. Face aux bousculements des méthodes traditionnelles de travail, avec l’émergence du télétravail, du freelancing, de la volonté des collaborateurs de bénéficier de plus de confiance, de liberté et d’autonomie, la plupart des dirigeants témoignent d’une bonne conscience de la nécessité de ces changements. En effet, seuls 33 % d’entre eux évoquent une insuffisante compréhension de ces enjeux comme raison de l’incapacité de leur organisation à progresser.
Néanmoins, malgré cette conscience commune du besoin de transformer les processus de travail dans les entreprises, les dirigeants peinent encore à prendre les mesures nécessaires. Ainsi, seuls 19 % des dirigeants sondés déclarent disposer de critères suffisamment fiables pour mesurer la composante sociale de l’ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance), c’est-à-dire sur la manière dont leur organisation peut bénéficier aux collaborateurs et individus.
« Alors que les façons traditionnelles de travailler s’estompent, la performance humaine est en train de devenir essentielle pour le succès organisationnel des entreprises. Bien que la plupart des organisations soient conscientes de ces réalités changeantes du travail, elles continuent à se poser des questions sur la meilleure façon d’y répondre », déclare Franck Cheron, Associé Lead Capital Humain, Deloitte France.
Vers un Monde sans Frontières
L’étude montre la transition vers un modèle de travail sans frontières, où le lieu de travail n’est plus un espace défini, et où les employés ne sont plus considérés comme de simples exécutants mais comme des acteurs clés de la création de valeur. Cette évolution requiert des compétences nouvelles, une révision des structures organisationnelles, et une nouvelle vision du leadership. L’étude cite l’exemple d’entreprises qui ont déjà commencé à adopter des pratiques de travail flexibles, permettant à leurs employés de travailler de n’importe où, favorisant ainsi une meilleure conciliation entre vie professionnelle et personnelle.
L’importance de la Durabilité Humaine
Deloitte met également l’accent sur la durabilité humaine, un concept qui va au-delà du bien-être des salariés pour englober leur croissance personnelle et professionnelle sur le long terme. Les entreprises sont encouragées à investir dans le développement des compétences de leurs employés, en offrant des opportunités de formation continue et en reconnaissant l’importance de la santé mentale et physique. L’étude mentionne des initiatives d’entreprises qui ont mis en place des programmes de mentorat et de coaching, ainsi que des partenariats avec des institutions éducatives pour faciliter l’accès à l’éducation et à la formation.
Des difficultés à faire émerger de nouveaux modèles
Concernant la productivité, l’étude démontre que les dirigeants peinent à déterminer de nouveaux critères d’évaluation de la performance plus adaptés à la situation actuelle du monde du travail. En effet, si les métriques traditionnelles de productivité telles que les heures travaillées et le temps passé sur les tâches deviennent de moins en moins pertinentes dans le milieu de travail actuel, les dirigeants expriment cependant des difficultés à faire émerger de nouveaux modèles. Alors que 74 % des interrogées estiment qu’il est « très » ou « extrêmement » important de rechercher de meilleurs moyens de mesurer les performances des collaborateurs, seuls 40 % déclarent faire quelque chose pour mettre en place de nouvelles métriques.
Aussi, face à la multiplication des données relatives au travail des collaborateurs, et à leur simplification d’accès pour les dirigeants, notamment par l’utilisation du digital, l’étude identifie un risque de mauvaise utilisation de la masse d’informations disponibles. À ce titre, 88 % des dirigeants déclarent qu’il est important pour la réussite de l’entreprise de mettre de plus en plus l’accent sur la confiance et la transparence entre les collaborateurs et l’organisation.
« Les anciens indicateurs utilisés pour mesurer la performance ne s’appliquent plus, et il n’y a pas de recette toute faite à suivre pour permettre aux organisations de prospérer dans ce nouvel environnement. Donner la priorité à la performance humaine, à la transparence et à la confiance pourra aider les organisations à embrasser et tirer parti de ce nouvel environnement », selon Patrice Plouvier, Associé co-Lead Capital Humain, Deloitte France.
L’IA présente un risque potentiel de déficit d’imagination
À mesure que l’intelligence artificielle générative progresse, les organisations s’exposent à subir un déficit croissant d’imagination et de créativité. Ainsi, 75 % des dirigeants sondés ont l’intention d’accélérer l’utilisation de l’IA au cours des cinq prochaines années, tout en anticipant une perturbation significative des compétences actuelles de leurs employés.
Pour combler ce risque potentiel de déficit d’imagination, les organisations doivent faire du développement de softs skills telles que la curiosité, l’empathie et la créativité une priorité stratégique pour aider les collaborateurs à expérimenter de nouveaux modes de travail. À ce titre, 73 % des interrogés déclarent qu’il est important de veiller à ce que l’imagination humaine suive le rythme de l’innovation technologique, mais seulement 9 % entreprennent des actions concrètes internes pour garantir cet équilibre.
Une nouvelle Ère pour les Ressources Humaines ?
La fonction RH devient une spécialité sans frontières. Deloitte suggère que les RH doivent évoluer pour devenir un moteur de changement au sein des organisations, en intégrant des compétences en matière de gestion des personnes à travers toutes les fonctions de l’entreprise. Cela implique un changement de posture et un changement culturel de la part DRH, qui doivent désormais se concentrer sur la création de solutions multidisciplinaires aux problèmes complexes, en collaborant étroitement avec les employés pour co-créer des expériences de travail enrichissantes.
Edition 2024
La nouvelle édition de l’étude Global Human Capital Trends réalisée par le cabinet Deloitte analyse les tendances clefs de ressources humaines et de la performance au sein des organisations. Cette année, l’étude s’appuie sur une enquête menée auprès de plus de 14 000 dirigeants et responsables des ressources humaines, à travers 95 pays différents, incluant la France.
Edition 2024 de l’étude Global Human Capital Trends, Deloitte