Stratégie

Allemagne : La semaine de travail de 4 jours revendiquée par le syndicat IG Metall

Par Agnès Redon | Le | International

IG Metall, qui représente environ 2,17 millions de salariés de l’industrie sidérurgique allemande, a appelé à une réduction du temps de travail de 35 à 32 heures par semaine, en 4 jours, à salaire égal.

Allemagne : le syndicat IG Metall appelle à la semaine de 4 jours - © D.R.
Allemagne : le syndicat IG Metall appelle à la semaine de 4 jours - © D.R.

IG Metall, le plus grand syndicat industriel d’Europe, revendique une semaine de quatre jours à salaire égal.

Le syndicat estime que la mise en place de la semaine de quatre jours :

  • améliorerait la qualité de vie au travail ;
  • rendrait l’industrie plus attrayante pour le recrutement d’une main-d’œuvre jeune, particulièrement à l’heure de transition écologique, qui pourrait induire des pertes d’emplois, comme la production sidérurgique dite « verte ».

Selon un sondage de l’institut allemand Forsa, publié le 19 février 2022 :

  • 71 % des personnes interrogées souhaiteraient que l’Allemagne adopte ce modèle ;
  • 22 % s’y opposent ;
  • 75 % considèrent qu’une semaine de quatre jours est un modèle « en faveur des employés », tandis que 59 % estiment que c’est « en faveur des employeurs » ;
  • 46 % des employeurs ont déclaré qu’un essai d’une semaine de quatre jours sur leur lieu de travail était « faisable » ;
  • Ce rythme de travail suscite surtout l’adhésion des 30-44 ans (81 %) et des diplômés du supérieur (75 %).

« Une longue période de transition »

S’adressant au journal Westdeutsche Allgemeine Zeitung, un quotidien régional en Allemagne, Knut Giesler, en charge des négociations du syndicat dans le nord ouest du pays, a confirmé le 5 avril 2023 que l’industrie allemande avait un grand besoin de main-d’œuvre « pour décarboner l’industrie métallurgique ».

Dans le détail, le projet présenté au journal appelle à l’introduction d’une semaine de travail de quatre jours et de 32 heures à salaire complet, au lieu de la semaine actuelle de 35 heures. Cette évolution nécessiterait « probablement une longue période de transition », a précisé Knut Giesler, qui appuie ses arguments sur les résultats d’une étude britannique.

La semaine de quatre jours a en effet fait l’objet d’une étude menée par l’organisation à but non-lucratif londonienne 4 Day Week Global, et réalisée conjointement par les universités de Cambridge et de Boston aux États-Unis.

Cette étude a impliqué 2 900 salariés de juin à décembre 2022 issus de 61 entreprises du secteur financier, de l’informatique, de la construction, de la gastronomie et de la santé. Ces entreprises se sont portées volontaires pour participer à l’étude.

Les résultats jugés convaincants

Après une phase de test de six mois en Grande-Bretagne, plus de quatre entreprises impliquées sur cinq étaient « fermement convaincues » par l’intérêt de la mise en place de la semaine de quatre jours.

Dans le détail, cette étude a révélé que :

  • 56 employeurs sur 61 veulent conserver la semaine de quatre jours ;
  • 18 entreprises ont déjà adopté la semaine de quatre jours de façon permanente ;
  • Les ventes des entreprises concernées ont augmenté de 1,4 % en moyenne pendant la phase de test ;
  • Les jours d’arrêt maladie ont diminué d’environ deux tiers (65 %) au cours de la période de test ;
  • Environ quatre employés sur dix ont déclaré se sentir « moins stressés » qu’avant le début du projet.

Des attentes différentes post-pandémie

« Les salariés sont sortis de la pandémie avec des attentes différentes sur ce qui constitue un équilibre vie-travail sain », a déclaré Joe O’Connor, le PDG de 4 Day Week Global au média Euronews le 6 juin 2022.

« Parfois, il faut un gros perturbateur pour déconstruire des normes sociétales et culturelles profondément ancrées. »