Allemagne : le ministre du Travail veut promouvoir l’utilisation de l’IA dans le travail

« D’ici 2035 au plus tard, il n’y aura plus d’emploi qui ne soit pas lié à des applications d’IA », a déclaré Hubertus Heil le 5 septembre 2023. Inaugurant le 12 septembre 2023 le premier studio d’intelligence artificielle à Munich, Hubertus Heil s’est donné pour objectif de préparer les salariés issus d’environ 2 300 entreprises au déploiement de l’IA dans le pays.

« Une promesse d’avenir »

Déjà en mars 2021, dans son discours d’ouverture lors d’une conférence sur l’intelligence artificielle intitulée : « Algorithmes, automatisation et travail - Comment l’IA peut rendre notre travail et nos vies meilleurs », Hubertus Heil avait déjà souligné que l’IA était « de loin la plus importante de toutes les nouveautés et innovations techniques et qu’elle recèle une promesse d’avenir pour un monde meilleur, plus sain et une vie plus simple au quotidien et au travail ».

L’utilisation de l’IA devrait renforcer l’efficacité de l’administration allemande, notamment de l’Agence fédérale pour l’emploi, afin de mieux faire correspondre les demandeurs d’emploi aux offres d’emploi. Pour ce faire, dans un département distinct de son ministère, la « Denkfabrik Digitale Arbeitsgesellschaft », des experts étudient les principales évolutions futures du marché du travail en ayant eux-mêmes recours à des applications d’IA.

Un investissement de près d’un milliard d’euros dans la recherche sur l’IA en Allemagne

En août 2023, le gouvernement allemand avait annoncé son intention d’investir près d’un milliard d’euros dans la recherche sur l’intelligence artificielle au cours des deux prochaines années. C’est le double du budget précédemment voté.

Ainsi, le pays envisage de :

• Créer 150 nouveaux laboratoires universitaires pour la recherche sur l’IA ;
• Développer les centres de données ;
• Rendre accessibles les ensembles de données publiques complexes à partir desquels les techniques d’IA peuvent générer de nouvelles informations. 

L’objectif est d’être plus compétitif vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine, dont les projets d’intelligence artificielle sont parmi les plus ambitieux dans le monde, notamment en termes de budget. Bettina Stark-Watzinger ministre fédérale de l’Éducation et de la Recherche souhaite distinguer les intelligences artificielles allemandes des autres.

« Nous disposons d’une IA digne de confiance et transparente », a-t-elle ainsi déclaré à Reuters le 23 août 2023.

Un cadre à définir pour la protection des salariés

Les progrès récents de l’intelligence artificielle suscitent des craintes concernant l’avenir de nombreux métiers. Selon une étude de Goldman Sachs publiée en mars 2023, 300 millions d’emplois à temps plein pourraient être menacés par des IA génératives en Europe et aux Etats-Unis. Dans les professions qualifiées, un quart des tâches devraient être automatisées. Bild, le tabloïd le plus lu d’Allemagne a annoncé en juin 2023 qu’environ un tiers de ses 600 emplois allaient disparaître et que les postes seraient remplacés par des applications d’intelligence artificielle.

Face à ces risques sur l’emploi, Hubertus Heil a répondu que le travail n’allait pas disparaître mais se transformer.

« L’IA, si elle est bien utilisée, peut faire en sorte que le monde du travail s’humanise davantage, que nous puissions par exemple éviter les accidents du travail. »

Le ministre du Travail a toutefois souligné les risques d’un recours excessif à l’intelligence artificielle, par exemple sur la surveillance des salariés. En collaboration avec le ministère de l’Intérieur, Hubertus Heil a ainsi annoncé qu’un cadre de référence pour la protection des données des salariés serait défini.