Grèce : des mesures d’urgence instaurées pour protéger les travailleurs de la canicule
Par Agnès Redon | Le | International
Confronté à une canicule depuis début juillet 2023, le gouvernement grec a annoncé des mesures pour protéger les travailleurs.
Situation de « vigilance absolue »
La Grèce est en « vigilance absolue » pour canicule, avec des températures atteignant plus de 44°C, annonce le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis le 20 juillet 2023. La canicule, baptisée CLEON, a été classée comme un phénomène météorologique dangereux, en particulier pour les travailleurs du pays.
Le gouvernement a appelé les employeurs à prendre des mesures pratiques pour éviter de mettre en danger la santé de leur personnel, parmi lesquelles :
- Interdiction du travail effectué dans les zones chaudes (extérieur, fonderies, salles des machines, etc.) entre midi et 17 heures. Ainsi, les travailleurs de l’Acropole d’Athènes, l’une des principales attractions touristiques du pays, ont fait grève pour protester contre les conditions de travail ;
- La création d’aires de repos climatisées ;
- La mise à disposition d’eau fraîche ;
- Privilégier le télétravail dès que c’est possible dans toutes les entreprises, ainsi que dans les administrations du pays.
En cas de situation dangereuse résultant du non-respect des principes généraux de prévention, des sanctions sont prévues, sous forme d’amende de 2 000 euros par salarié de l’entreprise. Le ministère du Travail a aussi demandé aux inspecteurs du travail d’être particulièrement attentif à ce qu’aucun ouvrier ne travaille sur des chantiers dangereux en plein soleil.
Cependant, le principal syndicat du privé (GSEE) a indiqué avoir reçu jusqu’à cent plaintes de salariés obligés de travailler en extérieur entre midi et 17 heures, des horaires pourtant interdits par les autorités.
Appel au dialogue social
Dans un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) publié en 2019 intitulé « Travailler sur une planète plus chaude. L’impact du stress thermique sur la productivité du travail et le travail décent », le dialogue social joue un rôle crucial dans l’élaboration des politiques nationales, notamment en matière de sécurité et de santé au travail.
« Grâce aux outils de dialogue social que sont notamment les conventions collectives, les employeurs et les travailleurs peuvent concevoir et mettre en œuvre des politiques de gestion du stress thermique adaptées aux besoins et aux réalités spécifiques de leur lieu de travail », indique le rapport.
En effet, une chaleur excessive pendant le travail crée des risques pour la santé au travail, elle restreint les capacités et les fonctions physiques du travailleur, sa capacité de travail et sa productivité. Les effets de la hausse des températures moyennes sont ressentis différemment selon les professions et les secteurs d’emploi. Ainsi, les emplois impliquant un niveau élevé d’effort physique ou un travail prolongé à l’extérieur sont particulièrement touchés par l’augmentation des niveaux de chaleur.
Selon le rapport, cette mise en place du dialogue social est d’autant plus nécessaire que « les projections fondées sur une augmentation de la température mondiale de 1,5 °C d’ici à la fin du XXIe siècle, ainsi que sur l’évolution de la population active, en 2030 2,2 % du total des heures travaillées dans le monde seront perdues en raison des températures élevées, soit une perte de productivité équivalant à 80 millions de postes à plein temps ».