Italie : mise en place d’une mission de réflexion sur le salaire minimum national
Par Agnès Redon | Le | International
Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement italien, a demandé au Conseil national de l’Economie et du Travail (Consiglio Nazionale dell’Economia e del Lavoro) le 11 août 2023 une mission de réflexion sur la mise en place d’un salaire minimum national.
L’Italie est l’un des cinq derniers pays de l’Union européenne à ne pas disposer d’un SMIC, avec la Finlande, la Suède, le Danemark et l’Autriche. Les minimas salariaux sont fixés par les conventions collectives, soit par la seule négociation collective entre le patronat et les syndicats.
Selon le Conseil national de l’Economie et du Travail, près de 5 millions de personnes perçoivent une rémunération horaire inférieure à 9 euros, dont :
- 90 % des employés de maison ;
- 35 % des travailleurs agricoles ;
- 26 % des travailleurs du secteur privé ;
- 38 % des moins de 35 ans ;
- 26 % des femmes.
Un publication de l’OCDE en juillet 2023 revèle que les salaires réels en Italie avaient chuté de 7,3 % à la fin de l’année dernière par rapport à la période pré-pandémique de 2019, marquant l’une des baisses les plus fortes parmi les grandes économies mondiales. Par ailleurs, le salaire moyen annuel brut est de 28 781 euros, inférieur à la moyenne de l’UE.
Réticences du gouvernement
Les partis d’opposition italiens ont ainsi déposé plusieurs projets de loi au Parlement visant à fixer un salaire horaire minimum. La Première ministre a toutefois exprimé des craintes sur son instauration, un sujet faisant « la une des journaux mais qui risque de créer des problèmes. Il existe en Italie des conventions collectives nationales qui prévoient un salaire minimum supérieur à neuf euros. Quelles sont les chances que, s’il est appliqué, le salaire minimum devienne un paramètre de baisse des salaires des travailleurs ? » a-t-elle signalé.
« Nous n’avons pas besoin d’un revenu minimum en Italie, nous ne sommes pas en Union soviétique où tout le monde avait le même salaire », a quant à lui déclaré Antonio Tajani, chef du parti conservateur Forza Italia, membre de la coalition au pouvoir. A l’instar de Giorgia Meloni, il propose d’étendre les conventions collectives aux salariés non couverts par les près de 1 000 accords en vigueur.
Ignazio Visco, le gouverneur de la Banque d’Italie, a de son côté, appelé à l’instauration d’un salaire minimum lors d’une conférence de presse en mai 2023 :
« Trop de gens, et pas seulement les jeunes, n’ont pas d’emploi officiel ou, s’ils en ont, ne se voient pas offrir des conditions contractuelles adéquates, comme dans les autres grands pays. L’introduction d’un système de salaire minimum bien conçu pourrait être la réponse à ces problèmes non triviaux. Ce sont des revendications de justice sociale. »
Il a par ailleurs souligné le rôle positif d’une migration bien gérée pour compenser l’impact du faible taux de natalité italien sur l’économie au cours des deux prochaines décennies.