Stratégie

Japon : 1,27 poste pour chaque demandeur d’emploi ; 10 millions de travailleurs manquants en 2040

Par Agnès Redon | Le | International

Le Japon perd, du fait du déclin démographique, plus de 800 000 habitants par an, ce qui engendre une pénurie de main-d’œuvre de plus en plus forte dans le pays et des difficultés de recrutement. Ainsi, en 2022, 1,27 poste étaient ouverts pour chaque demandeur d’emploi au Japon, un ratio qui augmente chaque année. 

Recruit Works Institute, un institut de recherche japonais prévoit même que le Japon pourrait faire face à une pénurie de plus de 10 millions de travailleurs en 2040, lorsque les enfants des baby-boomers d’après-guerre auront atteint 65 ans ou plus. Par conséquent, le pays aura besoin de 6.74 millions de travailleurs étrangers en 2040, d’après l’hebdomadaire Nikkei Asia.

Le recrutement au Japon - © D.R.
Le recrutement au Japon - © D.R.

Le shukatsu, le système de recrutement des jeunes diplômés

Traditionnellement, le cursus universitaire classique des Japonais dure quatre ans et la dernière année, cruciale, marque la sélection des futurs employés. L’embauche formelle intervient le premier jour d’avril, car c’est aussi bien le début de l’année fiscale que celui de l’année scolaire. Ainsi, le recrutement des nouveaux employés se fait au même endroit, au même moment et ceux-ci viennent du même groupe d’âge et de sexe. Pour évaluer les candidats, les entreprises entretiennent des relations étroites avec les professeurs qui participent au pré-recrutement.

La politique de recrutement des grandes entreprises japonaises privilégie l’homogénéité des profils d’employés, une politique de ressources humaines censée favoriser l’esprit d’équipe. Contrairement au fonctionnement des ressources humaines en Occident, ces jeunes ne sont généralement pas jugés sur des critères techniques individualisés ou sur des compétences spécifiques, mais sur leur esprit de persévérance et d’obéissance. Ainsi l’entreprise peut façonner ces ressources inexpérimentées à sa propre culture d’entreprise.

30 % des grandes entreprises japonaises prévoient d’embaucher davantage de nouveaux diplômés en 2024

Dans le même temps, sur fond de reprise économique, plus de 30 % des grandes entreprises japonaises prévoient d’embaucher davantage de nouveaux diplômés au printemps 2024 qu’en 2023, révèle un sondage de l’agence de presse nippone Jiji Press en mars 2023.

Dans un contexte de reprise de l’activité économique suite à la crise sanitaire, le nombre d’entreprises prévoyant d’embaucher « plus de nouveaux diplômés » s’élevait à 36, soit trois de plus que l’année précédente.

Parmi eux :

  • Toshiba prévoit d’employer 610 nouveaux diplômés au printemps 2024, en hausse de 40 % par rapport à 2023 ;
  • Fujifilm Holdings prévoit d’augmenter l’embauche de nouveaux diplômés de 20 %, soit 1 000 personnes ;
  • Japan Airlines et All Nippon Airways prévoient de doubler le nombre de nouvelles recrues, dans un contexte de reprise des voyages après la crise sanitaire.
  • Seules quatre entreprises prévoient de réduire le nombre de nouvelles recrues en 2014, dont le géant de la vente au détail Aeon, qui justifie cette baisse du nombre d’employés par le recours aux nouvelles technologies.
  • Parmi les entreprises restantes, 44 ont déclaré qu’elles prévoyaient de maintenir leurs niveaux d’embauche de nouveaux diplômés et 16 n’ont pas donné de réponse.
  • 48 entreprises ont déclaré que le processus d’embauche devenait plus difficile à moyen et à long terme, notamment en raison du faible taux de natalité.

Le sondage de l’agence de presse nippone Jiji Press a porté sur le processus de recrutement des diplômés pour le printemps 2024 de 100 grandes entreprises.