Stratégie

Turquie : augmentation de 34 % du salaire minimum mensuel dans un contexte d’hyperinflation

Par Agnès Redon | Le | International

Confrontée à une forte inflation, la Turquie a relevé le salaire minimum mensuel de 34 % le 1er juillet, a annoncé le gouvernement le 20 juin 2023.

Turquie : salaire minimum mensuel augmenté de 34 % le 1er juillet 2023 - © D.R.
Turquie : salaire minimum mensuel augmenté de 34 % le 1er juillet 2023 - © D.R.

Afin de lutter contre la flambée de l’inflation, le salaire minimum (asgari ücret) passe ainsi de 8 506 à 11 402 livres turques net (440 euros) pour le second semestre 2023.

Il s’agit de la quatrième augmentation depuis décembre 2021 pour compenser la perte de pouvoir d’achat des salariés dans un contexte d’inflation qui a atteint 64,3 % sur l’année 2022 d’après les chiffres officiels, contre 138 % d’après l’ENAG, un groupe d’économistes indépendant. 

La dernière revalorisation était de 54,66 % au 1er janvier 2023.

Le 9 mai 2023, soit cinq jours avant le premier tour de l’élection présidentielle et les élections législatives, le président turc Recep Tayyip Erdogan réélu avait par ailleurs annoncé :

  • Pour les employés de la fonction publique, une hausse des salaires de 45 % à partir de juin 2023;
  • La réduction de l’inflation annuelle de 39,59 %.

Selon la banque centrale turque, 43 % des salariés, hors secteur agricole, sont payés au salaire minimum en Turquie. 

Un accord tripartite

« La commission d’évaluation du salaire minimum a achevé ses travaux par un accord entre les organisations syndicales et patronales », a déclaré le ministre du Travail Vedat Isikhan en annonçant la décision.

« Nous avons essayé de déterminer le salaire minimum à un niveau qui satisferait nos travailleurs, protégerait l’emploi et assurerait la continuité de la production », a-t-il précisé.

Cet accord est le fruit d’une négociation tripartite entre :

  • Turk-Is, la confédération des syndicats turcs, affiliée à la Confédération syndicale internationale et à la Confédération européenne des syndicats ;
  • La confédération patronale TISK ;
  • Le gouvernement.

Suite à l’annonce du gouvernement, Ergün Atalay, président de Turk-Is, a précisé que les négociations avaient duré 13 jours :

 « En juillet 2022, une augmentation de 30 % a été accordée au milieu de l’année. Aujourd’hui, nous avons obtenu une augmentation de 34 %. Espérons que l’inflation sera maîtrisée, qu’il n’y aura plus de hausses de prix et que nous continuerons à maintenir notre pouvoir d’achat. Les hausses de salaires n’ont pas d’importance tant que l’inflation n’est pas maîtrisée. Notre souhait est que les prix sur le marché soient maîtrisés dès que possible. »

Özgür Burak Akkol, président de la Confédération turque des associations d’employeurs (TİSK) a également souligné les objectifs de cette négociation tripartite :

« Tout au long de ce processus, nous avons travaillé pour obtenir un chiffre équilibré qui tienne compte des attentes de nos collègues et des entreprises dans le dialogue social. Nous avons fait un maximum d’efforts pour le bénéfice de toutes nos parties prenantes. Par ailleurs, le principe du non prélèvement d’impôts sur le salaire minimum de tous les salariés est maintenu. »

Tandis que pour les partisans de la nouvelle hausse il s’agit du salaire minimum le plus élevé jamais institué en Turquie, pour les observateurs critiques, c’est une mesure insuffisante : il faut d’abord lutter contre l’inflation galopante et la flambée des prix de l’immobilier à travers le pays.