Gaël Seydoux, un startupper senior…
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Qui a dit que créativité ne rimait pas avec séniorité ? A 57 ans, Gaël Seydoux créateur d’Emova, une cabine d’essayage virtuelle prouve qu’il n’en est rien. Après plusieurs décennies passées dans les univers du cinéma, de la publicité et du jeu vidéo, il a plongé dans l’humain digital. Pour lancer sa start-up et la diriger, il s’est lui-même entouré de quinquas à qui il reconnaît des qualités de sagesse, d’endurance et de résilience.
Gaël Seydoux n’est pas arrivé par hasard dans l’humain digital. Avant de créer Emova, une start-up bretonne qui développe une technologie exclusive de création de jumeau numérique pour la vente en ligne, ce diplômé en design graphique de l’Ecole nationale supérieure des Arts-Décoratifs de Paris, d’une Maitrise en sciences économiques et d’un DESS d’Images et d’informatique est passé par l’univers du cinéma. Il a ainsi été superviseur graphique 3D sur les effets visuels de films comme Les rivières Pourpres ou Harry Potter. Gaël Seydoux rejoint ensuite l’industrie des jeux vidéo chez Sony puis Ubisoft. En 2015, recruté par la société Technicolor, basée à Rennes, il y dirige la recherche et l’innovation pour les médias immersifs (réalité virtuelle et augmentée, Light Fields).
A 55 ans, encore une dizaine d’années à travailler
« A 55 ans, je me suis dit qu’il me restait encore une dizaine d’années à travailler et j’ai décidé de m’orienter vers l’humain digital et de créer une start-up qui fabrique des avatars réalistes », raconte Gaël Seydoux. « Quand on achète en ligne, on n’est jamais sûr que la taille ou la couleur d’un vêtement nous ira lorsqu’on l’essaiera. Pareil pour une paire de lunette. » C’est ainsi qu’a pris corps son concept d’essayage virtuel grâce à un avatar et à la visualisation du résultat à 360° sous différents éclairages. Ses clients sont des marques de luxe comme Cartier, Chanel, Histoire d’Or, pour tout ce qui tourne autour du visage : bijoux, lunettes, maquillage. « Ces marques vendent sur Internet et veulent limiter les retours. Notre avatar permet de transformer et sécuriser le parcours d’achat du consommateur. »
« La créativité n’est pas une question d’âge »
Lancée avec deux collaborateurs, Emova en compte 11 aujourd’hui qui ne sont pas tous des digital natives. Loin de là, à l’image de leur dirigeant. « La créativité, c’est un état d’esprit, ce n’est pas une question d’âge », relève Gaël Seydoux. « Et la créativité, la découverte de nouvelles technologies maintiennent jeune. Toute ma vie, j’ai innové. En 1992, la 3D n’existait pas au cinéma et elle était encore balbutiante dans les jeux vidéo. »
Je recrute d’abord l’humain et les compétences
Pour créer sa start-up, le dirigeant s’est entouré de deux quinquas : Coralie Mesnard et Gaël Airieau qui « l’aident à prendre du recul. » Son équipe d’opérationnels compte aussi « deux seniors de 45 et 55 ans ». Gaël Seydoux n’a cependant pas d’a priori à l’embauche : « Je recrute d’abord l’humain et les compétences, mais il est vrai que la directrice de la communication a deux ans de moins que moi et le CEO à 45 ans. Pour des postes à responsabilité, je souhaitais des personnes ayant déjà de l’expérience et une certaine sagesse. C’est important pour une start-up de ne pas se précipiter. Je ne voulais pas prendre le risque de fermer au bout de deux ans. »
Dans le milieu des startuppers, Gaël Seydoux n’est pas un cas isolé. « D’autres que moi ont plus de 50 ans. Le marché du capital risque est très compliqué en ce moment et l’expérience a du bon », indique-t-il. Il reconnaît d’autres qualités aux seniors : « Plus perspicaces, plus résilients, capables de franchir les obstacles. Un salarié expérimenté gère aussi mieux son énergie. » Et à ceux qui pensent que séniorité, créativité et efficacité ne riment pas, Gaël Seydoux répond : « Un senior est plus performant s’il reste jeune dans sa tête et on reste plus longtemps jeune si on fait un métier que l’on aime. »