IA : « Aucune inquiétude sur une disruption ou suppression des emplois » (Nicolas Llorens, Macif)
Par Sylvie Aghabachian | Le | Management
Nicolas Llorens, DRH de la Macif, présente ses enjeux RH pour cette année 2024 dans le cadre du nouveau plan stratégique 2024-2026 « Impact Macif ». Tour d’horizon sur l’ensemble de ses enjeux dont celui lié à l’intelligence artificielle.
Quelle sera votre feuille de route 2024-2026 ?
Nous nous inscrivons dans le cadre de notre nouveau plan stratégique 2024-2026 « Impact Macif ». Nous avons atteint ces dernières années une excellence relationnelle et opérationnelle dans nos politiques RH. Il faut cultiver aujourd’hui l’état d’esprit qui nous est propre, le valoriser pour séduire des candidats.
Une partie de vos partenaires sociaux souhaitait doper l’accord télétravail en passant de deux à trois jours, voire de deux à quatre jours par semaine en 2022. Avez-vous accordé plus de souplesse ou allez-vous revenir en arrière comme certaines entreprises aux États-Unis ?
Un forfait de 100 jours de télétravail par an
Nous sommes passés à un système plus flexible qui ne conduit pas à donner plus de jours mais à proposer un forfait de 100 jours de télétravail par an. Les salariés ont la possibilité de poser des jours de télétravail à leur convenance dans le cadre de leur forfait, pour répondre par exemple à certains aléas de la vie domestique, tout en garantissant une journée de présence physique pour la réunion d’équipe.
Les organisations syndicales ont validé le principe de l’avenant de l’accord et notre baromètre social révèle une tendance haussière en matière de qualité de vie et d’équilibre vie privée-vie professionnelle.
Nous ne comptons pas revenir en arrière en matière de télétravail car nous ne constatons pas de baisse de productivité. Le mix présentiel-distanciel fonctionne aussi en matière de formation. Le principe d’autonomie et de confiance que nous appliquons aux salariés est aussi marqué par l’accord de télétravail.
La semaine de quatre jours fait-elle partie de votre réflexion ?
Je ne suis pas favorable à la semaine de quatre jours. Elle ne pourrait être offerte qu’à une minorité de salariés, qui sont déjà bénéficiaires du télétravail et d’horaires variables. Pour la majorité des activités en relation directe avec les sociétaires, clients et adhérents de la Macif, nous avons des contingences de plages d’ouverture sur des plateaux téléphoniques ou des points d’accueil physiques, qui ne supportent pas une durée de travail trop longue.
La remise au goût du jour du temps partiel
Je suis assez favorable par contre au principe d’une individualisation du temps avec la remise au goût du jour du temps partiel. Il faudra l’organiser en fonction des métiers et comme nous serons bientôt 12 000 salariés, ce sera plus facile de l’instruire positivement dans le cadre d’une fin de carrière, à un moment d’une vie professionnelle, pour avoir un meilleur équilibre de vie, ou bien pour exercer son rôle d’aidant. Le temps partiel n’est pas un marqueur de désengagement. Je l’imagine dans un format à durée déterminée, qui pourrait s’inscrire sur une période de trois ans.
Ce dispositif va-t-il faire l’objet d’une négociation ?
Nous ouvrons un cycle de négociation autour de la qualité de vie, de la santé et des conditions de travail durant toute l’année 2024. Le temps partiel sera embarqué dans cette négociation fleuve et fera l’objet d’une négociation spécifique.
Le sujet des aidants sera-t-il également inclus dans cette négociation ?
Nous aurons un bloc sur la partie santé et la prévention, qui est, je l’espère, presque abouti. Je souhaiterais ensuite proposer à nos partenaires sociaux trois négociations spécifiques :
- les aidants ;
- le temps partiel ;
- les seniors.
Dépistage du cancer du sein pour les collaboratrices de 45 ans
Nous aurons aussi une négociation sur le bien vivre ensemble qui embarquera les interactions collectives, la parentalité, la singularité, l’engagement sociétal des salariés.
Sur la QVCT, la santé deviendra primordiale. C’est un marqueur indispensable des politiques RH car c’est un sujet de préoccupation dans notre baromètre social. La déconnexion, l’optimisation des informations et la santé mentale sont prioritaires pour recouvrer des marges de manœuvre. Par exemple, en novembre 2023, nous avons proposé un dépistage du cancer du sein à nos collaboratrices de 45 ans. Cette opération a eu un accueil très favorable.
Utilisez-vous les outils de l’IA ?
La gouvernance a pris en 2023 un principe de moratoire pour éviter que les données de l’entreprise ne soient aspirées par l’open source. Nous nous autorisons évidemment l’instruction de cas d’usages mis sous la responsabilité de chacune de nos directions. Nous avons par exemple mis à la DRH en place des bots intelligents qui font des contrôles assez fastidieux pour venir en soutien des collaborateurs de la paie.
Certains de vos métiers sont-ils voués à disparaître avec l’IA ?
Nous débuterons au deuxième semestre 2024 notre cycle de négociation sur l’emploi et les compétences. Nous avons pris un engagement de revoyure avec les partenaires sociaux. Je n’ai aucune inquiétude sur une disruption ou suppression des emplois car nous avons déjà effectué notre révolution du papier et du faire-faire, en donnant la possibilité aux sociétaires et salariés de réaliser une partie des opérations en toute autonomie. L’un de nos enjeux, avec l’IA, est de gagner en écoute client ainsi qu’en qualité et rapidité de traitement des sinistres.