Stratégie

Santé mentale : l’un des défis 2024 des DRH

Par Sylvie Aghabachian | Le | Métier rh

Du 29 janvier au 2 février 2024, l’Association nationale des DRH organise, pour ses adhérents, une semaine dédiée à la charge mentale. Ce sujet préoccupe de plus en plus de DRH car la santé mentale des salariés ne cesse de se dégrader selon le dernier baromètre d’Empreinte Humaine/OpinionWay, et ce depuis la crise sanitaire.

Santé mentale : l’un des défis 2024 des DRH
Santé mentale : l’un des défis 2024 des DRH

Définir et mettre en œuvre la politique en matière de santé mentale fait partie de l’une des nombreuses attributions de notre nouvelle ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin. Et sur la pile des chantiers du DRH, cette préoccupation apparaît aussi pour l’année 2024. Si bien, que du 29 janvier au 2 février 2024, l’Association nationale des DRH  dédie une semaine entière à ce sujet intitulé : « Parcours - Agir sur la charge mentale, la priorité de 2024 ». Elle propose à ses adhérents :

  • Des articles rédigés par le Professeur Lejoyeux, spécialiste des comportements addictifs et professeur de psychiatrie et d’addictologie à l’université Paris, 
  • Un webinar en présence du Professeur Lejoyeux et d’Audrey Richard, présidente de l’ANDRH et DRH du groupe Canal + ;
  • Un mémo pratique.

Si l’on se réfère aux résultats du 12ème baromètre du cabinet Empreinte Humaine réalisé par Opinionway sur la santé mentale auprès d’un panel représentatif de 2 004 salariés français, publié le 23 novembre dernier, les constats ne sont pas bons. Il en ressort que

  • 48 % des salariés sont en détresse dont 17 % avec un taux de détresse psychologique élevée ;
  • 7 salariés sur 10 attribuent leur détresse psychologique au moins partiellement au travail ;
  • 33 % sont en burn-out dont 12 % en burn-out sévère et 2 400 000 personnes sont en risque de burn-out sévère ;
  • 25 % des salariés constatent qu’il y a plus de tentatives de suicide ou de suicide dans leur organisation/entreprise.

Régulation de la charge de travail : un facteur prioritaire de prévention des RPS

«  Les difficultés de recrutement, l’absentéisme, le turn over etc…, créent une surcharge supplémentaire de travail. Le contexte d’incertitude économique rajoute également de la charge de travail (création d’hypothèses multiples, changements de cap, maîtrise des ressources etc…) », analyse Christophe Nguyen, président, associé et psychologue du travail et des organisations, au sein du cabinet Empreinte Humaine.

L’ intensification de la charge de travail se confirme après la Covid-19 : 7 salariés sur 10 disent qu’on leur demande de plus en plus avec moins de moyens. Ces constats rejoignent différents travaux nationaux comme ceux de l’Insee. « La question de la régulation de la charge de travail est un facteur prioritaire de prévention des RPS. Or la charge de travail est très peu mesurée aujourd’hui dans les organisations/entreprises, alors qu’elle joue un rôle majeur dans les RPS », ajoute Christophe Nguyen.

Selon l’OMS, une personne sur quatre est touchée au cours de sa vie par un trouble de santé mentale. Face à ce constat, l’association Premiers secours en santé mentale (PSSM) France propose, depuis 2018, une formation efficiente de secouriste venue d’Australie et ouverte à toute personne majeure pour ne pas rester impuissant face à la souffrance psychologique d’un proche (ami, famille, collègue, connaissance, etc.). Aujourd’hui plus de 70 000 secouristes en santé mentale ont déjà été formés par PSSM France. Un objectif au-delà des ambitions fixées de 60 000 fixés par le ministère de la Santé et de la Prévention à l’association en 2023.

Accompagner les managers et les collaborateurs à la détection des signaux faible

Les start-up dédiées surfent sur la vague. En septembre dernier, celle qui développe l’application Teale sur la santé mentale des employés et un tableau de bord numérique pour le suivi RH, a annoncé une levée de fonds de 10 M€. Elle a déjà convaincu plus de 100 clients tels que Sanofi, SNCF, Adecco, Carrefour, Air Liquide, Bearing Point, Cartier, BETC qui permettent à plus de 35 000 collaborateurs et 500 000 agents de la fonction publique de prendre soin de leur santé mentale.« Nous fournissons aux DRH des données de reporting sur les taux d’usage de l’application, sur le care : sujets les plus plébiscités par les collaborateurs, évaluation de l’état de santé mentale des collaborateurs et de l’état de santé mentale de l’organisation », explique Julia Néel Biz la cofondatrice et CEO. Devenue un organisme de formation certifié Qualiopi, Teale accompagne aussi les managers et les collaborateurs à la détection des signaux faibles du burn-out, aux mesures de protection en cas de RPS ou à la manière de prendre la parole en public.

Du côté des entreprises, des bonnes pratiques fleurissent en misant sur la prévention et la sensibilisation, en mettant en place la QVCT pour développer le bien-être au travail, en favorisant l’articulation de la vie professionnelle et de la vie personnelle…Quel que soit leur secteur d’activité, les entreprises devront former les professionnels de la fonction RH à la prévention de ces RPS et mettre en place des stratégies d’alerte et de communication.