Allemagne : Deutsche Bahn passe aux 35 heures après la plus longue grève de son histoire
Par Agnès Redon | Le | International
Après une série de six grèves depuis fin 2023 et des perturbations massives, le syndicat de cheminots GDL et la compagnie ferroviaire Deutsche Bahn ont annoncé le 26 mars 2024 qu’un accord a été trouvé sur la semaine de 35 heures sans perte de salaire.
Le détail de l’accord
Dans le cadre de l’accord dévoilé le 26 mars 2024, la durée de travail passera de :
- 38 à 37 heures en 2026 ;
- 35 heures d’ici à 2029 ;
- Une durée maximale des phases de travail des 144 heures à 120 heures à compter du 1er janvier 2025.
Par ailleurs, les conducteurs de train pourront décider eux-mêmes de leur temps de travail hebdomadaire jusqu’à 40 heures hebdomadaires.
Chaque heure supplémentaire sera payée avec une majoration de 2,7 %.
Au total, les conducteurs gagneront environ « 14 % de plus en travaillant 40 heures par semaine qu’en travaillant 35 heures », a indiqué la Deutsche Bahn.
Concernant les salaires, l’accord prévoit également :
- L’augmentation générale des grilles mensuelles des salaires d’un montant forfaitaire de 210 euros au 1er août 2024 et de 210 euros supplémentaires à partir d’avril 2025;
- L’octroi d’une prime compensatoire d’inflation de 2 850 euros (salariés à temps partiel au prorata horaires) et de 1 425 euros pour les stagiaires et étudiants en alternance.
Une négociation intense
Côté syndical
« Avec cet accord, nous avons réalisé une avancée historique et donnons ainsi l’exemple aux autres syndicats de ce pays. C’est un succès sur presque toute la ligne », se réjouit Claus Weselsky, président du GDL.
Le syndicat, qui représente environ 20 000 cheminots, avait fait de la réduction du temps de travail une condition non négociable.
« Au lieu de négocier raisonnablement, l’entreprise s’est également appuyée sur la désinformation, la diffamation et l’agacement des clients dans le but de nous discréditer aux yeux du public », a nuancé Claus Weselsky dans un communiqué du syndicat.
Côté Deutsche Bahn
« Ce compromis est intelligent, même s’il est financièrement difficile », a déclaré Martin Seiler, directeur des ressources humaines de la compagnie ferroviaire, à la presse.
- « Les négociations ont été intenses et n’ont pris fin que peu après cinq heures du matin.
- Le combat en valait la peine. Dans cet accord, le principe de performance s’applique : celui qui travaille plus gagne plus.
- Il s’agit d’une solution révolutionnaire qui permet la flexibilité, la participation et la transformation,
- Le modèle à horaires flexibles crée une liberté individuelle et rend les carrières ferroviaires plus attrayantes », a estimé Martin Seiler.
Rappelons qu’en Allemagne, la durée légale du temps de travail est de 40 heures hebdomadaires (en général 8 heures ouvrées par jour), indique la CCI France Allemagne sur son blog.