Stratégie

Argentine : feu vert pour la réforme du travail du gouvernement mis en place par Javier Milei

Par Agnès Redon | Le | International

Le Congrès a approuvé le 30 avril 2024 la réforme du travail, partiellement suspendue par la Chambre nationale du travail en décembre 2023, qui suscite inquiétude et opposition dans le pays. Le nouveau président argentin Javier Milei marque son empreinte.

Argentine : Approbation par le Congrès de la réforme du travail du gouvernement Milei  - © D.R.
Argentine : Approbation par le Congrès de la réforme du travail du gouvernement Milei - © D.R.

Cette réforme du travail, dont le texte adopté est appelé « bases et points de départ pour la liberté des Argentins », constitue une première victoire législative pour Javier Milei qui a été investi président de l’Argentine le 10 décembre 2023 et qui est notamment présenté par la presse comme un « économiste ultra-libéral ».

Le contenu de la réforme

Le projet voté a été présenté comme une version allégée du texte d’origine. Après 26 heures de négociation, le projet compte un peu plus de 200 articles, contre plus de 600 initialement.

Il se donne notamment pour objectifs :

  • Une dérégulation de l’économie ;
  • Un régime fiscal avantageux pour les grands investissements étrangers. Ce régime, qui dure initialement deux ans, avec possibilité de prolongation d’une année supplémentaire, offre des avantages fiscaux et douaniers pendant une durée de 30 ans. L’objectif est d’accroître la compétitivité et la stabilité pour les investissements supérieurs à 200 millions de dollars ;
  • L’approbation d’une liste d’entreprises publiques susceptibles d’être privatisées, parmi lesquelles Aerolíneas Argentinas, Correo Argentino et Radio y Televisión Argentina (médias publics).

Concernant la réforme du travail, elle prévoit notamment :

  • La suppression des sanctions en cas de travail non déclaré ;
  • L’allongement de la période d’essai de trois à six mois pour les nouveaux salariés. En outre, la réforme permet aux conventions collectives de prolonger cette période jusqu’à huit mois, voire un an, selon la taille de l’entreprise. La mesure vise à offrir de la flexibilité aux employeurs tout en réduisant les coûts associés aux indemnités de départ ;
  • La réforme introduit également le concept de « fonds de départ », comme alternative aux indemnités de départ. Ce système permet aux employeurs de créer un fonds privé pour couvrir les coûts des licenciements sans motif ;
  • Le raccourcissement du congé maternité.

« Il s’agit d’un premier pas fondamental pour sortir l’Argentine du marasme dans lequel elle se trouve depuis plusieurs décennies », s’est félicité Javier Milei sur X.

Forte opposition syndicale

Les syndicats et les partis de gauche du pays sont opposés à la politique menée par le président argentin, affirmant que ses projets démantelaient les droits durement acquis des travailleurs. Ils font valoir que la réforme constitue une « suppression de droits » pour les travailleurs, ce qui entraînera une « précarité du travail ».

Ainsi, le 9 mai 2024, une grève générale « contre un ajustement brutal, en défense du droit du travail, syndical, et pour un salaire digne » a été lancée par plusieurs syndicats. Ainsi, 400 vols en avion ont été annulés, affectant 70 000 passagers, selon l’association latino-américaine du transport aérien.

« Ces attaques contre les salariés ne feront que nous conduire à un processus de récession. Les salaires seront à un niveau inacceptable », a estimé Héctor Daer, secrétaire général de la Confederación General del Trabajo (CGT, Confédération générale du travail), la plus grande centrale syndicale du pays.

Quant à l’Association des travailleurs de l’État (ATE), le plus grand syndicat de travailleurs du secteur public d’Argentine, elle a estimé que les droits des fonctionnaires étaient « brutalement bafoués ».

« Nous sommes brutalement attaqués et nous devons continuer à agir en légitime défense. Nous allons convoquer à nouveau une séance plénière nationale des délégués pour définir les prochaines actions », a déclaré le secrétaire général de l’ATE, Rodolfo Aguiar.