Finlande : la réforme du travail, contestée par les syndicats, présentée au Parlement
Par Agnès Redon | Le | International
Après un vaste mouvement de grèves les 1er et 2 février 2024 contre la politique sociale du gouvernement finlandais, la réforme du travail a été présentée au Parlement par le Premier ministre le 13 février 2024.
Le contenu de la réforme du travail envisagée
Pour rendre l’économie finlandaise « plus compétitive », la réforme du travail prévoit notamment :
- La non-obligation pour les compagnies de moins de 50 salariés de réembaucher un salarié licencié depuis moins de quatre mois pour pourvoir son poste ;
- L’autorisation des contrats de travail d’un an ;
- La négociation possible par les entreprises des accords locaux, sans l’implication des syndicats ;
- L’alignement des augmentations de salaire, négociées régulièrement par les partenaires sociaux, pour chaque branche, sur celles des industries exportatrices, qui fixeront un plafond ;
- La non-rémunération du premier jour d’arrêt maladie ;
- La réduction de la plupart des prestations sociales, telles que l’indemnité de chômage, l’aide au logement et la rémunération du congé parental ;
- La suppression de l’aide à la formation des adultes ;
- La limitation de l’exercice du droit de grève à vingt-quatre heures ;
- L’augmentation des amendes pour les mouvements sociaux jugés illégaux.
Arto Satonen, le ministre finlandais du Travail pour justifier la réforme, a jugé « urgent et nécessaire » de réformer le système de sécurité sociale et d’augmenter l’emploi est urgente en raison du niveau de la dette publique du pays.
« Nous devons faire travailler davantage de personnes, réduire les dépenses publiques et améliorer l’environnement opérationnel pour attirer les investissements. L’Union Européenne a pointé du doigt nos perspectives de dépenses publiques basées sur la dette et le FMI a également soutenu fermement les politiques de l’actuel gouvernement finlandais. Dans l’intérêt de notre bien-être futur, nous ne devrions pas et ne pouvons pas laisser les réformes en suspens », a-t-il déclaré.
Opposition des syndicats et mobilisations
Après un appel à la grève lancé par les deux confédérations syndicales SAK et STTK pour protester contre cette réforme du droit du travail et la diminution des prestations sociales, 300 000 salariés du public et du privé se sont mis en grève les 1er et 2 février 2024. Des pans entiers de l’économie finlandaise ont ainsi été mis à l’arrêt, notamment le transport aérien et public (métro, tramway, bus), les écoles, les crèches et les services de santé.
Pour les syndicats, cette réforme pourrait aggraver les inégalités sociales. La réduction de la protection sociale engendrerait la perte de centaines d’euros par mois pour les personnes disposant déjà de faibles revenus. Par conséquent, cela aurait un impact négatif sur les femmes, qui sont plus susceptibles d’être employées dans certaines de ces professions à bas salaires.
Concernant les changements de règles de la négociation collective, les syndicats craignent que cela donne plus de pouvoir aux secteurs ou aux entreprises individuelles pour fixer les niveaux maximums d’augmentation des salaires. Pour eux, il s’agit d’une remise en question du modèle de concertation sociale, sur lequel est fondé le marché du travail finlandais.
« À long terme, ce type de changement se traduirait presque à coup sûr par une baisse des salaires et des conditions moins avantageuses pour les travailleurs », a estimé Pekka Ristelä, responsable des affaires internationales à la SAK, la Confédération des syndicats finlandais au média Euronews le 1er février 2024.