Stratégie

Recrutement et mobilité : le rapport de force entre employeurs et salariés se rééquilibre en 2024

Par Alban Garel | Le | Management

Selon l’enquête 2024 « Ce que veulent les candidats » de Robert Half, 45 % des salariés affirment n’être « pas du tout sollicités » et leur désir de mobilité est beaucoup moins marqué.

« Ce que veulent les candidats » : les points principaux de l’étude 2024 de Robert Half - © D.R.
« Ce que veulent les candidats » : les points principaux de l’étude 2024 de Robert Half - © D.R.

Est-ce la fin de l’euphorie pour les candidats sur le marché du recrutement ?

Alors que la pandémie a marqué l’ouverture d’une période très favorable aux salariés, portée par un fort dynamisme de l’emploi, l’enquête « Ce que veulent les candidats » 2024 du cabinet de recrutement Robert Half témoigne d’un rééquilibrage du rapport de force entre employeurs et salariés.

Peut-on y voir un souci d'employabilité ? Ces derniers se disent moins sollicités par les recruteurs mais aussi moins enclins à changer d’emploi, alors même qu’ils affichent des niveaux de satisfaction en recul.

La fin de la « grande rotation » ?

Sollicitations des salariés par des recruteurs  - © Robert Half
Sollicitations des salariés par des recruteurs - © Robert Half

  • Alors que l’enquête de 2023 avait révélé une sollicitation particulièrement importante des salariés par les recruteurs (40 % des salariés disaient être sollicités régulièrement), cette nouvelle édition montre un net ralentissement du marché du recrutement : 33 % en 2024, soit -7 points.
  • 45 % des salariés affirment n’être « pas du tout sollicités », contre 37 % l’an passé (+ 8 points).
  • Les salariés eux-mêmes expriment des désirs de mobilité beaucoup moins marqués : 43 % se disent en recherche active ou à l’écoute d’opportunités, en recul de 10 points par rapport à 2023. 49 % affirment ne pas être à la recherche d’un nouvel emploi, contre 39 % l’année dernière.
  • La baisse notable des aspirations au changement, si emblématiques de l’après-Covid-19, est un signe supplémentaire de cette nouvelle donne :
    • 20 % seulement des salariés qui prévoient de changer d’emploi dans les 6 prochains mois souhaiteraient changer de secteur d’activité contre 32 % en 2023,
    • 21 % aimeraient changer de cap, faire une reconversion professionnelle, contre 27 % précédemment.

Des salariés moins mobiles mais pas plus satisfaits 

• Après une baisse marquée entre novembre 2022 et avril 2023 (-8 points), le niveau de satisfaction exprimé par les salariés au sujet de leur emploi actuel n’est pas reparti à la hausse en 2024 : 69 % se disent toujours satisfaits (même chiffre qu’en 2023).
• Le nombre de salariés se disant « très satisfaits » est en léger recul, à 19 % contre 22 % l’an dernier.
• La satisfaction par rapport au salaire est en recul de 6 points par rapport à 2023 avec 45 % des salariés français qui se déclarent satisfaits (10 % très satisfaits).

Des attentes moins tranchées mais toujours présentes

  • Alors que les salariés exprimaient de nouvelles revendications ces dernières années, notamment en termes d’équilibre de vie et de flexibilité, leurs priorités ne s’affirment plus aussi clairement en 2024.
  • L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, l’ambiance de travail bienveillante et la flexibilité restent des facteurs de stabilité important au sein des entreprises, mais 32 % des salariés mentionnent aussi la solidité financière de l’entreprise parmi les raisons qui les poussent à rester. Ce critère arrive en 3e position, devant la flexibilité et montre une demande de sécurité croissante chez les salariés.
  • Parmi les « raisons de changer d’entreprise », le salaire, au cœur des préoccupations lors de la crise inflationniste de 2023, demeure de loin le critère n° 1 (mentionné par 51 % des sondés, -4 points) ;
    • mais il est désormais suivi par le sentiment d’ennui dans sa fonction (28 %), 5e critère l’an dernier, et la volonté de faire évoluer sa carrière et d’avoir davantage de responsabilités (27 %) ;
    • A l’inverse, la recherche d’un meilleur équilibre vie pro/vie perso passe de la 2e à la 4e position.

« La période post-pandémique a fortement stimulé les aspirations au changement et offert une flexibilité qui, jusque-là, n’existait pas. Cette page semble aujourd’hui se tourner avec un recul sensible des attentes exprimées sur des marqueurs emblématiques tels que l’équilibre vie pro/perso ou les désirs de reconversion et une plus grande frilosité des salariés à quitter leur entreprise », commente Matthieu Imbert-Bouchard, Directeur général de Robert Half  France.

Méthode

• réalisée le 3 avril 2024;
• auprès d’un panel représentatif de 1000 salariés français, hommes et femmes, âgés de 18 à 65 ans.

Concepts clés et définitions : #Définition employabilité et clés pour la développer